C'est avec tristesse que le CEMTI et l'UFR Culture et communication ont appris la disparition d'Armand Mattelart, survenue le 31 octobre dernier. Figure importante de la critique marxiste, des sciences de l'information et de la communication ainsi que de l'Université Paris 8, A. Mattelart avait commencé sa carrière au Chili comme démographe, dans les années 1960, avant d'y participer à l'Unité populaire et à la tentative de construction socialiste poussée par l'élection démocratique du président Salvador Allende en 1970.
Expulsé du pays à la suite du coup d'État militaire mené, avec le soutien des États-Unis, par Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, A. Mattelart avait consacré la suite de sa carrière à l'étude critique des médias et de la communication dans une perspective géopolitique, économique puis historique. Il l'avait d'abord fait en marge de l'institution universitaire, qu'il mettra de nombreuses années à intégrer, puis comme professeur à l'Université de Rennes 2, où il sera nommé en 1983, et à l'Université Paris 8, qu'il rejoindra en 1997 et où il restera jusqu'à sa retraite en 2005. C'est du reste à l'Université Paris 8, qu'il fondera en 2001 le Centre d'Études sur les Médias, les Technologies et l'Internationalisation (CEMTI).
Au cours de ces vingt-deux ans passés dans l'université française, A. Mattelart a formé de nombreux·ses étudiant·es et doctorant·es, à qui il a su transmettre son enthousiasme engagé dans la recherche sur les systèmes de communication et son intérêt pour toutes les formes de mobilisations sociales. Au-delà de celles et ceux qui l'ont connu, ce sont encore aujourd'hui de vastes cohortes d'étudiant·es, qui se forment à la critique de l'économie politique des médias, à travers la lecture des nombreux ouvrages qu'il a publiés, seul ou avec Michèle Mattelart, son épouse, également chercheuse importante en sciences de l'information et de la communication : nous lui adressons, ainsi qu'à son fils Tristan Mattelart, membre du CEMTI jusqu'en 2016, et à toutes celles et ceux qui ont eu la chance de connaître A. Mattelart, nos sincères condoléances.